Entre le palais des festivals et le Noga Hilton, nous découvrons les affiches des projets à tous les stades de développements : Largo Winch en financement, Arthur et le Minimoys en post-prod et My Blueberry Nights (un projet de Wong Kar Wai) en recherche de financements.

"12:08 East of Bucarest" de Cornelius Porumboiu [Quinzaine des Réalisateurs, Noga Hilton]
L'avis de Anne :
Un film très drôle sur la révolution roumaine. Cette révolution en est-elle vraiment une ? C'est dans une pauvre émission de télé faite avec trois francs six sous que la question est débattue. Le présentateur est vite dépassé par deux intervenants incontrôlables et un technicien "à la rue". Humour absurde, second degré... Tout y est..

"12:08 East of Bucarest" de Cornelius Porumboiu [Quinzaine des Réalisateurs, Noga Hilton]

L'avis de Nono :
L'enjeu principal de ce long métrage Roumain est de répondre à une question brûlante : la révolution de 1989 dans une petite ville à l'est de Bucarest a-t-elle commencée avant ou après 12:08 ? Si oui, alors c'est la preuve que le peuple souverain s'est soulevé contre la dictature de Cheauchescu. Si non, cela signifit que le peuple Roumain n'a fait que suivre un processus ineluctable, et qu'il n'était pas un acteur des évènements.
Pour répondre à cette question, le réalisateur Cornelius Porumboiu organise un faux débat télévisé entre trois personnages qui ont chacun leurs travers : un vieux messieur terriblement solitaire, un ancien professeur devenu alcoolique, et le présentateur de l'émission qui représente la modernité post-Cheauchescu.
Tous ces personnages ont été profondement marqués par la révolution, mais leurs trous de mémoire, une légère tendance à la mythomanie et les appels de téléspacteurs de tous bords vont semer le trouble.
Une fois passé l'acte d'exposition, c'est à dire au bout d'une grosse vingtaine de minutes (pour certains, il faudra peut-être s'accrocher...), le film prend toute sa dimension.
Le débat se tient dans un studio étriqué devant un décor minimaliste. Alors que la caméra est fixe, les angles de perception sont multiples. La révolution n'a pas été aussi simple à digérer. L'humour féroce et très "second degré" n'épargne personne. Le réalisateur joue sur l'aspect fauché de la Roumanie actuelle et remue les cendres d'un ex-empire où plane encore l'ombre de la terrible Stasie.

"La raison du plus faible" de Lucas Belvaux [Compétition Officielle Lumière]

L'avis de Nono :
Le mélange des genres est par nature un peu casse gueule. La raison du plus faible oscille constamment entre le film social Belge classique, celui qui raconte par exemple l'histoire d'une classe ouvrière exangue de la banlieue de Liège (Les frêres Dardennes, Bruno Dumont), et le film de braquage qui est devenu, depuis une dizaine d'années, une spécialité anglo-saxonne (Océan 11, Braquage à l'Italienne, etc...).
Lucas Belvaux parvient néammoins à trouver sa voie, intégrant le braquage comme projet ultime de chômeurs sans espoir. Les acteurs sont justes, Eric Caravaca en tête, et forment un casting très homogène.
L'histoire assez linéaire respecte les codes du film de braquage : la préparation minutieuse du casse, l'erreur qui fait capoter le projet, la braquage qui foire, les complices qui attendent, anxieus, le retour du dernier collègue,... La toile de fond sociale est esquissée de manière assez grossière (les chômeurs sont gentils, les riches sont des apprentis mafieux). L'histoire se termine naturellement dans le sang.
La scène finale, un peu longue, voit un Lucas Belvaux se poser en justicier sacrifié à la dimension christique. Cette longue prise de vue aérienne, sans doute le symbole de l'âme qui rejoint les cieux, en dit long sur l'importance qu'il accorde à sa mission de cinéaste engagé.

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