"Indigènes" de Rachid Bouchareb [Compétition officielle, Lumière]
    
L'avis de Nono :
La promo d'Indigènes dure depuis quelques mois déjà. Dans nombre d'interview,
Rachid Bouchareb explique les difficultés du financement, l'engagement des acteurs beurs
de premier plan pour soutenir son film et le manque de reconnaissance la France envers les anciens
combattants de l'armée d'Afrique.
Ainsi, à la projection de ce film, le spectateur est en terrain connu. Pas de surprise sur le contenu ni
sur le ton du récit, on se doute fortement qu'il sera humaniste.
La réalisation reprend les codes du film de guerre (posés entre autre par Il faut sauver
le soldat Ryan) et ne cherche pas à réinventer la roue.
Et puisque c'est homme que l'on parle, Indigènes est avant tout une histoire
d'Hommes dans la guerre. La première partie du film, qui explique l'engagement de chacun des quatre soldats
dans l'armée, est assez académique. Toutes les tendances sont représentés dans un panel que ne renierait
pas un institut de sondage : celui qui s'engage pour la patrie, celui qui s'engage pour l'argent,
celui qui s'engage pour suivre son frêre, etc...
Rachid Bouchareb s'en sort avec les honneurs sur un sujet épineux, même s'il prend
soin d'éteindre un par un tous les foyers de polémiques.
"Lying" de M. Blach [Quinzaine des Réalisateurs, Noga Hilton]
    
L'avis de Nono :
Une chronique dans la veine de Virgin Suicide, mais
boursouflée. Des filles bavardent dans une maison de campagne, dans l'herbe verte des champs,
au couché du soleil, devant la cheminée. Leur hôte dévoile sa vie par petites touches
à ses nouvelles amies jusqu'au dénouement final où surgit le twist tant espéré.
La photographie est très léchée, on la croirait sorties d'oeuvres néo-romantiques
des années 70. Le côté vintage pédant est assez énervant. M. Blach doit beaucoup admirer
le travail de Vincent Gallo et Sophia Coppola,
comme tout étudiant en cinéma New-Yorkais qui se doit.
L'histoire s'évente assez vite. Elle aurait pu donner un jolie petit court métrage de
20 minutes. Au lieu de cela, le réalisateur allonge les discussions sans intérêts et
consolide des personnages creux comme de la brique.
A noter que c'est la seule représentation auquelle j'ai assisté qui s'est terminé par
quelques sifflets. Enfin un éclair de lucidité du public Cannois.
"You Am I" (Toi être Moi) de Kristijonas Vildziunas [Un Certain Regard, Debussy]
    
L'avis de Nono :
Un architecte d'intérieur retourne à la nature pour une raison inexpliquée.
Pour cela, il gagne la forêt Slovène et construit une magnifique cabane dans les arbres.
Une cabane idéale, moderne et confortable, avec un plancher en bois, des murs vitrés,
le chauffage au bois et l'électricité. Cette nouvelle habitation est quasiment un
personnage à part entière du film. On assiste à sa construction au sommet de 3 grands
arbres, et à son aménagement en nid douillet. Une fois le travail terminé, on contemple
la nature par les yeux du héros.
Hors dans le même secteur, une bande de jeunes branchés viennent festoyer dans une
maison de campagne. Le héros va donc s'inviter à la fête et tomber amoureux d'une
jeune fille décalée. Cette seconde histoire épaissit le film sans toutefois
l'affaiblir.
Ce film contemplatif est une bouffée d'oxygène doublée d'une jolie histoire d'amour.
Mais c'est surtout une histoire de cabane dans les arbres ! Ce retour à la nature n'est
pas un retour à l'état primitif. You Am I raconte plutôt
la fusion de l'Homme dans son environnement, et la paix intérieure qu'il exige.
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La cabane dans les arbres de You Am I en cours de construction. |
Dans le cadre du festival, Sydney Pollack donne une leçon de cinéma. La salle est comble
et conquise d'avance. Sydney Pollack, interviewé par Michel Ciment, revient sur quelques uns de
ses films les plus marquants de sa longue carrière. Out of Africa,
Tootsie sont ainsi illustrés par un court extrait, puis commentés
par le réalisateur. Il revient sur la génèse de ses projets, ses anecdotes de tournage, sa
direction d'acteurs. Par contre, il ne parle pas de ses secrets de tournage...
"Dans Paris" de Christophe Honoré [Quinzaine des Réalisateurs, Noga Hilton]
    
L'avis de Nono :
Attention, buzz de l'année ! Nombre de critiques, parisien tendance rive gauche,
se pâment déjà à l'écovation du dernier film de Christophe Honoré.
Romain Duris, Garrel et Guy Marchand
campent des personnages qui n'ont rien d'originaux, dans une situation qui n'est pas
nouvelle, dans des décors comme 100 autres films avant celui-ci. La vrai originalité
de Dans Paris, c'est de faire croire que ce film est une
petite révolution, alors qu'il n'est qu'une ressucée de la production française
auteurisante des années 80-90.
A une époque où l'on nous vend le renouveau du rock tous les mois
(The Strokes, Franz Ferdinand, et tous
les groupes en "The"), voilà qu'un génial communiquant à décider de faire
la même chose avec le cinéma d'auteur Français. Passé la supercherie, à froid, ce renouveau sent le
coup marketing à plein nez. Côté réalisation, Chourou adore la nouvelle vague
et il le montre. Les acteurs sont bien dirigés, aux limites du scénario, et on
sent quand même une certaine liberté d'improvisation dans certaines séquences.
La présentation du film sous les vivas du public et en présence de l'équipe du film a montré
l'étendue du talent de l'attaché de presse et de la production. Le côté sympa fut
Guy Marchand qui a poussé la chansonnette.
Le revers de la médaille, c'est que ce film a reçu un accueil dithyrambique qui risque
de frustrer le spectateur non-Parisien qui se déplacera en suivant l'avis de la presse.
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